baron et sa femme arrivèrent rue Louis-le-Grand, où Adeline trouva la lettre suivante :
Monsieur le baron d’Ervy est resté un mois rue de Charonne, sous le nom de Thorec, anagramme d’Hector. Il est maintenant passage du Soleil, sous le nom de Vyder. Il se dit Alsacien, fait des écritures, et vit avec une jeune fille nommée Atala Judici. Prenez bien des précautions, madame, car on cherche activement le baron, je ne sais dans quel intérêt.
La comédienne a tenu sa parole, et se dit, comme toujours,
Le retour du baron excita des transports de joie qui le convertirent à la vie de famille. Il oublia la petite Atala Judici, car les excès de la passion l’avaient fait arriver à la mobilité de sensations qui distingue l’enfance. Le bonheur de la famille fut troublé par le changement survenu chez le baron. Après avoir quitté ses enfants encore valide, il revenait presque centenaire, cassé, voûté, la physionomie dégradée. Un dîner splendide, improvisé par Célestine, rappela les dîners de la cantatrice au vieillard qui fut étourdi des splendeurs de sa famille.
— Vous fêtez le retour du père prodigue ! dit-il à l’oreille d’Adeline.
— Chut !… tout est oublié, répondit-elle.
— Et Lisbeth ? demanda le baron qui ne vit pas la vieille fille.
— Hélas ! répondit Hortense, elle est au lit, elle ne se lève plus, et nous aurons le chagrin de la perdre bientôt. Elle compte te voir après dîner.
Le lendemain matin, au lever du soleil, Hulot fils fut averti par son concierge que des soldats de la garde municipale cernaient toute sa propriété. Des gens de justice cherchaient le baron Hulot. Le garde du commerce, qui suivait la portière, présenta des jugements en règle à l’avocat, en lui demandant s’il voulait payer pour son père. Il s’agissait de dix mille francs de lettres de change souscrites au profit d’un usurier nommé Samanon, et qui probablement avait donné deux ou trois mille francs au baron d’Ervy.