poser le faubourg Saint-Germain, d’y glisser un éloge indirect pour madame d’Espard.
— Et vous, lisez-nous ce que vous avez fait, dit Finot à Lucien.
Quand Lucien, qui tremblait de peur, eut fini, le salon retentissait d’applaudissements, les actrices embrassaient le néophyte, les trois négociants le serraient à l’étouffer, Du Bruel lui prenait la main et avait une larme à l’œil, enfin, le directeur l’invitait à dîner.
— Il n’y a plus d’enfants, dit Blondet. Comme monsieur de Chateaubriand a déjà fait le mot d’enfant sublime pour Victor Hugo, je suis obligé de vous dire tout simplement que vous êtes un homme d’esprit, de cœur et de style.
— Monsieur est du journal, dit Finot en remerciant Étienne et lui jetant le fin regard de l’exploitateur.
— Quels mots avez-vous faits ? dit Lousteau à Blondet et Du Bruel.
— Voilà ceux de Du Bruel, dit Nathan.
*** En voyant combien monsieur le vicomte d’A…… occupe le public, monsieur le vicomte Démosthène a dit hier : — Ils vont peut-être me laisser tranquille.
*** Une dame dit à un Ultra qui blâmait le discours de monsieur Pasquier comme continuant le système de Decazes : — Oui, mais il a des mollets bien monarchiques.
— Si ça commence ainsi, je ne vous en demande pas davantage ; tout va bien, dit Finot. Cours leur porter cela, dit-il à l’apprenti. Le journal est un peu plaqué, mais c’est notre meilleur numéro, dit-il en se tournant vers le groupe des écrivains qui déjà regardaient Lucien avec une sorte de sournoiserie.
— Il a de l’esprit, ce gars-là, dit Blondet.
— Son article est bien, dit Claude Vignon.
— À table ! cria Matifat.
Le duc donna le bras à Florine, Coralie prit celui de Lucien, et la danseuse eut d’un côté Blondet, de l’autre le ministre allemand.
— Je ne comprends pas pourquoi vous attaquez madame de Bargeton et le baron Châtelet, qui est, dit-on, nommé préfet de la Charente et maître des requêtes.
— Madame de Bargeton a mis Lucien à la porte comme un drôle, dit Lousteau.
— Un si beau jeune homme ! fit le ministre.