cet enfant-là. S’il n’avait pas eu l’actrice pour maîtresse, il aurait revoulu la seiche, et il l’aurait eue.
— Ainsi nous pouvons l’abattre, dit Finot.
— Par quel moyen, demanda négligemment des Lupeaulx qui voulait se prévaloir de ce service auprès de la marquise d’Espard.
— Il a un marché qui l’oblige à travailler au petit journal de Lousteau, nous lui ferons d’autant mieux faire des articles qu’il est sans le sou. Si le Garde-des-Sceaux se sent chatouillé par un article plaisant et qu’on lui prouve que Lucien en est l’auteur, il le regardera comme un homme indigne des bontés du roi. Pour faire perdre un peu la tête à ce grand homme de province, nous avons préparé la chute de Coralie : il verra sa maîtresse sifflée et sans rôles. Une fois l’ordonnance indéfiniment suspendue, nous plaisanterons alors notre victime sur ses prétentions aristocratiques, nous parlerons de sa mère accoucheuse, de son père apothicaire. Lucien n’a qu’un courage d’épiderme, il succombera, nous le renverrons d’où il vient. Nathan m’a fait vendre par Florine le sixième de la Revue que possédait Matifat, j’ai pu acheter la part du papetier, je suis seul avec Dauriat ; nous pouvons nous entendre, vous et moi, pour absorber ce journal au profit de la Cour. Je n’ai protégé Florine et Nathan qu’à la condition de la restitution de mon sixième, ils me l’ont vendu, je dois les servir ; mais, auparavant, je voulais connaître les chances de Lucien…
— Vous êtes digne de votre nom, dit des Lupeaulx en riant. Allez ! j’aime les gens de votre sorte…
— Eh ! bien, vous pouvez faire avoir à Florine un engagement définitif ? dit Finot au maître des requêtes.
— Oui ; mais débarrassez-nous de Lucien, car Rastignac et de Marsay ne veulent plus entendre parler de lui.
— Dormez en paix, dit Finot. Nathan et Merlin auront toujours des articles que Gaillard aura promis de faire passer, Lucien ne pourra pas donner une ligne, nous lui couperons ainsi les vivres. Il n’aura que le journal de Martinville pour se défendre et défendre Coralie : un journal contre tous, il est impossible de résister.
— Je vous dirai les endroits sensibles du ministre ; mais livrez-moi le manuscrit de l’article que vous aurez fait faire à Lucien, répondit des Lupeaulx qui se garda bien de dire à Finot que l’ordonnance promise à Lucien était une plaisanterie.
Des Lupeaulx quitta le foyer. Finot vint à Lucien ; et, de ce ton