même jour, et notées par le bonhomme en cas de perte. Je lui avais conseillé de mettre la fortune d’Ursule en inscriptions au porteur, et il a dû employer ses fonds, ceux qu’il destinait à Ursule et ceux qui appartenaient à sa pupille le même jour. Je vais chez Dionis consulter l’inventaire ; et si le numéro de l’inscription qu’il a laissée en son nom est 23,533, lettre M, nous serons sûrs qu’il a placé, par le ministère du même agent de change, le même jour : primo, ses fonds en une seule inscription ; secundo, ses économies en trois inscriptions au porteur, numérotées sans lettre de série ; tertio, les fonds de sa pupille : le livre des transferts en offrira des preuves irrécusables. Ah ! Minoret le sournois, je vous pince. Motus, mes enfants !
Le juge de paix laissa le curé, la Bougival et Ursule en proie à une profonde admiration des voies par lesquelles Dieu conduisait l’innocence à son triomphe.
— Le doigt de Dieu est dans ceci, s’écria l’abbé Chaperon.
— Lui fera-t-on du mal ? dit Ursule.
— Ah ! mademoiselle, s’écria la Bougival, je donnerais une corde pour le pendre.
Le juge de paix était déjà chez Goupil, successeur désigné de Dionis, et entrait dans l’Étude d’un air assez indifférent.
— J’ai, dit-il à Goupil, un petit renseignement à prendre sur la succession Minoret.
— Qu’est-ce ? lui répondit Goupil.
— Le bonhomme a-t-il laissé une ou plusieurs inscriptions de rentes trois pour cent ?
— Il a laissé quinze mille livres de rente trois pour cent, dit Goupil, en une seule inscription, je l’ai décrite moi-même.
— Consultez donc l’inventaire, dit le juge.
Goupil prit un carton, y fouilla, ramena la minute, chercha, trouva et lut : Item, une inscription… Tenez, lisez ?… sous le numéro 23,533, lettre M.
— Faites-moi le plaisir de me délivrer un extrait de cet article de l’inventaire d’ici à une heure, je l’attends.
— A quoi cela peut-il vous servir ? demanda Goupil.
— Voulez-vous être notaire ? répondit le juge de paix en regardant avec sévérité le successeur désigné de Dionis.
— Je le crois bien ! s’écria Goupil, j’ai avalé assez de couleuvres pour arriver à me faire appeler Maître. Je vous prie de croire, mon-