Page:Balzac - Code des gens honnêtes.djvu/205

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le bedeau, les enfans de chœur et le sacristain. Chacun a une demande légitime à faire. Si vous avez le malheur d’être lent, les pauvres accourent !…

Alors songez à donner au suisse et pour les pauvres la plus faible somme possible ; soudain le suisse se retournera. — Quos ego !… Vous ne verrez pas un seul mendiant.

Vous retiré, le suisse remettra la paire de gants blancs dans l’armoire, à côté de sa sœur, la paire de gants noirs. C’est le jour et la nuit, la mort et la vie. Ces deux paires de gants sont toute notre histoire. Chaque fois qu’il prend l’une ou l’autre, ce vénérable suisse les ploie, les presse avec un soin paternel ; il se remémore et raconte au bedeau à combien de solennités elles ont paru : il les regarde avec satisfaction.

Un suisse retiré, qui nous a fourni ces détails, nous a avoué n’avoir jamais acheté plus de deux paires de gants par trimestre, et bon an, mal an, avoir touché huit à neuf cents francs.