Page:Balzac - Code des gens honnêtes.djvu/285

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Oui ! mais si l’on pouvait placer en regard les peines, les tourmens, les malheurs que cause une passion funeste ; si l’on montrait le père jouant la fortune de sa femme, l’existence de ses enfans, dupe d’abord, plus tard fripon, finissant par devenir criminel. La loterie occasionne plus de suicides que la misère : elle traîne à sa suite le désespoir et la mort.

Mais tout le monde n’y perd pas ? Tout le monde y perd. Celui à qui échoit un terne, l’a d’avance payé bien cher, ou plus tard perdra plus qu’il n’a gagné.

Depuis long-temps des voix éloquentes s’élèvent en vain pour réclamer l’abolition de cette immorale institution. La seule manière de couper court au mal, c’est d’en démontrer l’évidence. Le jour où tout le monde sera bien convaincu que l’argent mis à la loterie est perdu sans retour, que les sept millions que le gouvernement retire de la loterie sont un bénéfice honteux, le fruit du vol ; le jour enfin où personne ne mettra plus à la loterie, l’autorité qui