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PROLOGUE.

des Médicis, feut en pieds, bon transon de règne, veu qu’elle se mesla tousiours des affaires publicques à l’advantage de nostre saincte religion. Lequel temps ha prins beaucoup de gens à la gorge, depuis nostre deffunct maistre Françoys premier du nom, iusques aux Estats de Blois, où cheut monsieur de Guyse. Ores les escholiers qui iouent à la fossette sçavent que, en ceste période de prinses d’armes, pacifications et troubles, le languaige de France feut ung peu trouble aussy, veu les inventions de ung chascun poëte qui, en cettuy temps, souloyt faire, comme en celuy-cy, ung françoys pour lui seul, oultre les mots bizarres, grecs, latins, italians, allemands, souisses, phrases d’oltre-mer et iargons hespaignols, advenus par le faict des estrangiers, en sorte que ung paouvre scriptophile ha les coudées franches en ce languaige babelificque, auquel ont pourveu depuis messieurs de Balzac, Blaise Pascal, Furetière, Mesnage, Saint-Évremond, de Malherbe et aultres, qui les premiers balyèrent le françoys, feirent honte aux mots estranges et donnèrent droict de bourgeoysie aux paroles légitimes, de bon usaige et sceues de tous, dont feut quinauld le sieur Ronsard.

Ayant tout dict, l’Autheur retourne à sa dame, et soubhaite mille ioyeulsetez à ceulx dont il est aymé ; aux aultres, deux noix grollières en leurs degrez. Quand les hirundes descamperont, il reviendra, non sans le tiers et quart Dixain dont il baille icy promesse aux pantagruelistes, aux bons braguards et mignons de tout estaige, auxquels desplaisent les tristifications, méditations et mélancholies des choléographes.




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