Page:Balzac - Contes drolatiques.djvu/627

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



II

COMMENT FINA CETTUY MARIAIGE.


Dans le doubte d’estre ou non accueillie, point ne voulut aller à la Court la dame de l’Isle-Adam, ains vesquit ez champs, où son dict sieur espoux luy feit ung bel establissement en acheptant la seigneurie de Beaumont-le-Vicomte, ce qui donna lieu à l’équivocque sur ce nom relatée par nostre bien aymé Rabelais dans son trez-magnificque livre. Le cadet acquit encores la seigneurie de Nointel, la forest de Carenelle, Sainct-Martin et aultres lieux voisins de l’Isle-Adam, où demouroyt son frère Villiers. Ces dicts acquests le feirent le plus puissant seigneur en l’Isle-de-France et vicomté de Paris. Il eut cure de bastir ung merveilleux chastel lez Beaumont, qui feut ruyné pieçà par l’Angloys, et l’aorna des meubles, bobans, tapis estranges, bahuts, tableaulx, statues et curiositez de sa femme, laquelle estoyt bonne cognoisseuse, ce qui accomparaigea cettuy manoir aux plus magnificques chasteaulx cogneus. Les deux espoux menèrent une vie tant enviée de tous, que il n’estoyt bruit en la ville de Paris et en la Court que de cettuy mariaige, de l’heur du sire de Beaumont et par-