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COMMENT LE SENNESCHAL SE BATTIT AVEC LE PUCELAIGE DE SA FEMME.


Durant les premiers iours de son mariaige, le senneschal inventa de notables bourdes à donner à sa femme, de laquelle il abusa la tant prisable innocence. D’abord, il treuva, dans ses fonctions de iusticier, de valables excuses de la laisser parfoys seule ; puis il l’occupa de déduicts campaignards, l’emmena en vandanges dedans ses closeries de Vouvray ; enfin, la dorelota de mille proupos saugrenus.

Tantost disoyt que les seigneurs ne se comportoyent point comme les petites gens ; que les enfans des comtes ne se semoyent qu’en certaines coniunctions célestes, déduictes par de savans astrologues ; tantost, que l’on debvoit s’abstenir de faire des enfans aux iours de feste, pour ce que c’estoyt ung grant travail ; et il observoyt les festes en homme qui vouloyt entrer en paradiz sans conteste. Aulcunes foys, prétendoyt que, si, par hazard, les parens n’estoyent en estat de graace, les enfans commencez le iour de Saincte-Claire estoyent aveugles ; de Sainct-Genou, avoyent la