Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 1, 1855.djvu/107

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parla comme parlent les envieux, et tout en rendant justice à ce jeune homme, il dit qu’il était d’une avarice remarquable, « mais peut-être est-ce l’effet de sa pauvreté, reprit-il. J’ai eu des renseignements sur lui, d’ailleurs. Il appartient à la famille de la Peyrade, une vieille famille du Comtat d’Avignon ; il est venu s’enquérir ici d’un oncle dont la fortune passait pour considérable ; il a fini par découvrir la demeure de cet oncle trois jours après la mort du susdit, et le mobilier a payé les frais de l’enterrement et les dettes. Un ami du défunt a donné cent louis à ce pauvre jeune homme en l’engageant à faire son droit et à prendre la carrière judiciaire ; ces cent louis l’ont défrayé pendant trois ans, à Paris où il a vécu comme un moine ; mais n’ayant jamais pu voir ni retrouver le protecteur inconnu, le pauvre étudiant fut dans une grande détresse en 1833, car il était venu dans l’hiver de 1829 à Paris. Il fit alors, comme tous les licenciés, de la politique et de la littérature, et il s’est soutenu pendant quelque temps au-dessus de la misère, car il ne pouvait rien espérer de sa famille ; son père, le plus jeune frère de l’oncle