Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 1, 1855.djvu/132

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élégante comme vous l’êtes, faite pour être l’ornement du monde le plus élevé, quel homme peut vous voir sans une immense compassion au cœur, roulant parmi ces odieux bourgeois qui ne savent rien de vous, pas même la valeur aristocratique d’une de vos poses, ou d’un de vos regards, ou d’une coquette inflexion de voix. Ah ! si j’étais riche. Ah ! si j’avais le pouvoir, votre mari qui, certainement est un bon diable, deviendrait receveur-général, et vous le feriez nommer député ! Mais moi, pauvre ambitieux, dont le premier devoir est de taire mon ambition en me trouvant au fond du sac comme le dernier numéro d’un lot de famille, je ne puis que vous offrir mon bras, au lieu de vous offrir mon cœur. J’espère tout d’un bon mariage, et croyez bien que je rendrai ma femme non-seulement heureuse, mais une des premières dans l’État, en recevant d’elle les moyens de parvenir… Il fait beau, venez faire un tour dans le Luxembourg, dit-il en arrivant à la rue d’Enfer, au coin de la maison de madame Colleville, en face de laquelle se trouve un passage qui conduit au jardin par l’escalier d’un petit édifice, le dernier