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vous voir, c’était le dernier dimanche du mois

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de septembre 1838… Vous étiez bien belle ; je vous reverrai souvent dans cette petite robe de mousseline de laine aux couleurs d’un tartan de je ne sais quel clan d’Ecosse !… Ce jour-là, je me suis dit : « Pourquoi cette femme est-elle chez les Thuillier, et pourquoi surtout a-t-elle jamais eu des relations avec un Thuillier ?… »

— Monsieur !… dit Flavie effrayée de la pente rapide que le provençal donnait à la conversation.

— Eh ! je sais tout, s’écria-t-il en accompagnant ce mot d’un mouvement d’épaule, eh ! je m’explique tout… et je ne vous en estime pas moins. Allez, ce n’est jamais le péché d’une laide, ni d’une bossue… Vous avez à recueillir les fruits de votre faute, et je vous y aiderai ! Céleste sera très-riche, et là se trouve pour vous tout votre avenir ; vous ne pouvez avoir qu’un gendre, ayez le talent de le bien choisir. Un ambitieux deviendra ministre, un niais vous humiliera, vous tracassera, vous rendra votre fille malheureuse, et s’il en perd la fortune, il ne la retrouvera certes pas. Eh bien ! je vous aime, dit-il, et je vous aime d’une