Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 1, 1855.djvu/136

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

su vivre, faire mon droit, obtenir le grade de licencié dans Paris avec deux mille francs pour tout capital, et j’étais entré par la barrière d’Italie avec cinq cents francs dans ma poche, en me jurant, comme un de mes compatriotes, d’être un jour un des premiers hommes de mon pays… et l’homme qui souvent a ramassé sa nourriture dans

— 186 --

les paniers où les restaurateurs mettent leurs rebuts et qu’ils vident à six heures du matin à leurs portes quand les regrattiers n’en veulent plus… cet homme ne reculera devant aucun moyen… avouable… Eh ! me croyez-vous l’ami du peuple ?… dit-il en souriant ; il faut un porte-voix à la Renommée, elle ne se fait guère entendre en parlant du bout des lèvres… et sans renom, à quoi sert le talent : L’avocat des pauvres sera celui des riches… Est-ce assez m’ouvrir les entrailles, ouvrez-moi votre cœur ?… Dites-moi : « Soyons amis », et nous serons tous heureux un jour…

— Mon Dieu ! pourquoi suis-je venue ici, pourquoi vous ai-je donné le bras ?… s’écria Flavie.

— Parce que c’est dans votre destinée ! répondit-il. Eh, ma chère et bien aimée Flavie,