Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 1, 1855.djvu/146

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pour la Thuillier, c’est travailler pour nous, il faut la faire profiter de ce bon coup-là.

— Et le notaire… dit Dutocq, pourquoi laisse-t-il aller ça ?

— Eh ! Dutocq, c’est le notaire qui nous sauve ! Le notaire, forcé de vendre sa charge, ruiné d’ailleurs, s’est réservé cette part dans les débris du gâteau. Croyant à la probité de l’imbécile Claparon, il l’a chargé de lui trouver un acquéreur nominal, car il lui faut autant de confiance que de prudence ; noue lui laisserons croire que mademoiselle Thuillier est une honnête fille qui prête son nom au pauvre Claparon, et ils seront dedans tous deux Claparon et le notaire. Je dois bien ce petit tour à mon ami Claparon qui m’a laissé porter tout le poids de l’affaire dans sa commandite, et où nous avons été roués par Couture dans la peau duquel je ne vous souhaite pas d’être ! dit-il en laissant briller un éclat de haine infernal dans ses yeux flétris. J’ai dit, Messeigneurs, ajouta-t-il en grossissant sa voix qui passa toute par ses fosses nasales, et prenant une attitude dramatique ; car, dans un moment d’excessive misère, il s’était fait acteur.

Le profond silence par lequel ce dernier couplet de Cérizet fut accueilli permit d’entendre les accents de la sonnette et Théodose courut à sa