Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 1, 1855.djvu/187

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— Entendu, répondit Thuillier. Mais avez-vous une certitude ?…

— Vous verrez le dessert que je vous ai préparé. Soyez modeste, surtout. Voici les Minard, laissez-moi les piper… Amenez-les ici, puis filez.

Après les salutations, la Peyrade eut soin de se tenir près de monsieur le maire ; et, dans un moment opportun, il le prit à part et lui dit :

— Monsieur le maire, un homme de votre importance politique ne vient pas sans quelques desseins s’ennuyer ici ; je ne veux pas juger vos motifs, je n’y ai pas le moindre droit, et mon rôle ici-bas n’est point de me mêler aux affaires des puissances de la terre ;

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mais pardonnez à mon outrecuidance, et daignez écouter un conseil que j’ose vous donner. Si je vous rends un service aujourd’hui, vous êtes dans une position à m’en rendre deux demain ; ainsi, au cas où je vous aurais servi, j’écoute en ce moment la loi de l’intérêt personnel. Notre ami Thuillier est au désespoir de n’être rien, et il s’est ingéré de devenir quelque chose, un personnage dans son arrondissement…

— Ah ! ah ! fit Minard.