Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 1, 1855.djvu/44

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par mois à son frère et conduisit la barque de manière à ce que cinq mille francs défrayassent la maison, elle accordait cinquante francs par mois à sa belle-soeur en lui prouvant qu’elle se contentait de quarante. Pour assurer sa domination par la puissance de l’argent, Brigitte amassait le surplus de ses propres rentes, elle faisait, disait-on dans les bureaux, des prêts usuraires par l’entremise de son frère qui passait pour un escompteur. Si de 1815 à 1830, Brigitte a capita-

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lisé soixante mille francs, on pourrait expliquer l’existence de cette somme par des opérations dans la rente qui présente une variation de 40 pour 100, et ne pas recourir à des accusations, plus ou moins fondées, dont la réalité n’ajoute rien à l’intérêt de cette histoire.

Dès les premiers jours, Brigitte abattit sous elle la malheureuse madame Thuillier par les premiers coups d’éperon qu’elle lui donna, par le maniement du mors qu’elle lui fit sentir durement. Le luxe de tyrannie était inutile, la victime se résigna promptement. Céleste, bien jugée par Brigitte, dépourvue d’esprit, d’instruction, habituée à une vie sédentaire, à une atmosphère tranquille, avait une excessive