Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 1, 1855.djvu/54

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des doutes sur la pureté de la fameuse mime. Par sa tournure et par son origine, Flavie était destinée

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à un assez triste métier, alors que Colleville, mené souvent chez l’opulent premier sujet de l’Opéra, s’éprit de Flavie, et l’épousa. Le prince qui protégeait, en septembre 1815, l’illustre danseuse, alors sur la fin de sa brillante carrière, donna vingt mille francs de dot à Flavie, et la mère y ajouta le plus magnifique trousseau. Les habitués de la maison, et les camarades de l’Opéra firent des présents en bijoux, en vaisselle, en sorte que le ménage Colleville fut beaucoup plus riche en superfluités qu’en capitaux. Flavie, élevée dans l’opulence, eut tout d’abord un charmant appartement que le tapissier de sa mère lui meubla, et où trôna cette jeune femme pleine de goût pour les arts, pour les artistes et pour une certaine élégance. Madame Colleville était à la fois jolie et piquante, spirituelle et gaie, gracieuse, et, pour tout exprimer d’un mot, bon enfant. La danseuse, âgée de quarante-trois ans, se retira du théâtre, alla vivre à la campagne, et priva sa fille des ressources que présentait