Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 1, 1855.djvu/56

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sujet de l’Opéra qu’elle voyait beaucoup ; mais si les Colleville mangèrent leurs capitaux, et si souvent ils eurent de la peine à finir les mois, jamais Flavie ne s’endetta. Colleville était très-heureux, il aimait toujours sa femme, et il en était toujours le meilleur ami. Toujours accueilli par un sourire ami, et avec une joie communicative, il cédait à une grâce, à des façons irrésis-

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tibles. L’activité féroce qu’il déployait dans ses trois emplois, allait d’ailleurs à son caractère, à son tempérament. C’était un bon gros homme, haut en couleur, jovial, dépensier, plein de fantaisies. En dix ans, il n’y eut pas une seule querelle dans son ménage. Il passait, dans les bureaux, pour être un peu hurluberlu, comme tous les artistes, disait-on ; mais les gens superficiels prenaient la hâte constante du travailleur pour le va-et-vient d’un brouillon. Colleville eut l’esprit de faire la bête, il vantait son bonheur intérieur, se donna le travers de chercher des anagrammes afin de se poser comme absorbé par cette passion. Les employés de sa division au ministère, les chefs de bureau, les chefs de division même venaient