Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 2, 1855.djvu/116

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plus d’importance qu’à la loi nouvelle éclose en juillet. Il fallait Dieu dans le ciel, comme un buste de roi sur un socle à la mairie. Félix Phellion, digne fils de son père, n’avait pas mis le plus léger voile sur sa conscience ; il y laissait lire par Céleste avec la candeur, avec la distraction d’un chercheur de problèmes, et la jeune fille mêlait la question religieuse à la question civile ; elle professait une profonde horreur pour l’athéisme ; son confesseur lui disait que le déiste est le cousin germain de l’athée.

— Avez-vous pensé, Félix, à faire ce que vous m’avez promis, demanda Céleste aussitôt que madame Colleville les eut laissés seuls.

— Non, ma chère Céleste, répondit Félix.

— Oh ! manquer à sa promesse ! s’écria-t-elle doucement.

— Il s’agissait d’une profanation, dit Félix. Je vous aime tant, et d’une tendresse si peu ferme contre vos désirs, que j’ai promis une chose contraire à ma conscience. La conscience, Céleste, est notre trésor, notre force, notre appui. Comment vouliez-vous que j’allasse dans une église, m’y mettre aux genoux