Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 2, 1855.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ferai rien de bas ni de vil… Voilà les enseignements que je tiens de mon vertueux père, et que je veux léguer à mes enfants. Tout le bien que je pourrai faire, je l’accomplirai, même dussé-je en souffrir. Que demandez-vous de plus à un homme ?…

Cette profession de foi de Phellion fit douloureusement hocher la tête à Céleste.

— Lisez attentivement, dit-elle, l’Imitation de Jésus-Christ !… Essayez de vous convertir à la sainte Église catholique, apostolique et romaine, et vous reconnaîtrez combien vos paroles sont absurdes… Ecoutez, Félix, le mariage n’est pas, selon l’Église, une affaire d’un jour, la satisfaction de nos désirs, il est fait pour l’éternité… Comment nous serions unis la nuit et le jour, nous devrions faire une seule chair, un seul verbe, nous aurions dans notre cœur deux langages, deux religions, une cause de dissentiment perpétuel, vous me condamneriez à des pleurs que je vous cacherais sur l’état de votre âme, je pourrais m’adresser à Dieu, quand je verrais incessamment sa droite armée contre vous !… Votre sang de déiste et vos convictions pourraient animer mes enfants !… Oh ! mon Dieu ! combien