Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 2, 1855.djvu/120

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Céleste est une riche héritière, et en cédant, contre la voix de la religion naturelle, à ses idées, j’aurais en vue de faire un mariage avantageux, acte infâme. Je ne dois pas, comme père de famille, laisser les prêtres avoir la moindre influence chez moi ; si je cède aujourd’hui, je fais un acte de faiblesse qui sera suivi de beaucoup d’autres pernicieux à l’autorité du père et du mari… Tout cela n’est pas digne d’un philosophe. Et il revint vers sa bien-aimée.

— Céleste, je vous en supplie à genoux, ne mêlons pas ce que la loi, dans sa sagesse, a séparé. Nous vivons pour deux mondes, la société, le ciel. A chacun sa voie pour faire son salut ; mais quant à la société, n’est-ce pas obéir à Dieu que d’en observer les lois. Le Christ a dit : « Donnez à César ce qui appartient à César. » César est le monde politique. Oublions cette petite querelle ?

— Une petite querelle !… s’écria la jeune enthousiaste. Je veux que vous ayez mon cœur comme je veux avoir tout le vôtre, et vous en faites deux parts !… N’est-ce pas le malheur ? Vous oubliez que le mariage est un sacrement…