Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 2, 1855.djvu/122

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Moi qui suis, à la vérité, du Comtat, et d’une famille qui compte un pape dans ses ancêtres ; car nos armes sont de gueules à clef d’argent, et nous avons pour supports un moine tenant une église et un pèlerin tenant un bourdon d’or, avec ces mots : J’ouvre et je ferme ! pour devise ; je suis là-dessus d’un absolutisme féroce. Mais, aujourd’hui, grâce au système d’éducation moderne, il ne semble pas extraordinaire d’agiter de semblables questions ! Moi, disais-je, je n’épouserais pas une protestante, eût-elle des millions !… et quand même je l’aimerais à en perdre la raison ! On ne discute pas la foi ! Una fides, unus Dominus, voilà ma devise en politique.

— Vous entendez ?… s’écria triomphalement Céleste en regardant Félix Phellion.

— Je ne suis pas un dévot ; je vais à la messe à six heures du matin, quand on ne me voit pas ; je fais maigre le vendredi ; je suis enfin un fils de l’Église, et je n’entreprendrais rien de sérieux sans m’être mis en prières, à la vieille mode de nos ancêtres. Personne ne s’aperçoit de ma religion… A la révolution de 1789, il s’est passé dans ma famille un fait qui nous a tous attachés