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Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 2, 1855.djvu/136

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bout de six ans. Elle présentait quatre boutiques, deux sur chaque face, car elle occupe un coin de boulevard. Cérizet espéra gagner une dizaine de mille francs au moins par an, pendant douze ans, sans compter les éventualités ni les pots-de-vin donnés à chaque renouvellement de bail par les fonds de commerce qui s’y établiraient, et auxquels il n’accorderait d’abord que six ans de bail. Or, il se proposait de vendre son fonds d’usurier à madame veuve Poiret et à Cadenet pour une dizaine de mille francs ; il en possédait dix environ, il se trouvait donc en position de donner l’année d’avance que les propriétaires ont coutume d’exiger, comme garantie, des principaux locataires.

Cérizet avait donc passé la nuit la plus heureuse ; il s’était endormi dans un beau rêve, il se voyait en passe de faire un honnête métier, de devenir bourgeois comme Thuillier, comme Minard, comme tant d’autres. Il renonçait alors à l’acquisition de la maison en construction rue Geoffroy-Marie. Mais il eut un réveil auquel il ne s’attendait point ; il trouva la Fortune debout, lui versant à flots