Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 2, 1855.djvu/16

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aimer, reprit le candide Mathieu en riant.

— Que dites-vous donc là ?… vint demander Céleste à sa marraine.

— Mon enfant, répondit la pieuse victime, en attirant sa filleule, et en la baisant au front, il dit que vous êtes deux à m’aimer…

— Ne vous fâchez pas, de cette prédiction, mademoiselle ! dit tout bas le futur candidat de l’Académie des sciences, et laissez-moi tout faire pour la réaliser !… Tenez, je suis fait ainsi : l’injustice me révolte profondément !… Oh ! que le Sauveur des hommes a eu raison de promettre l’avenir aux cœurs doux, aux agneaux immolés !… Un homme qui ne vous aurait qu’aimée, Céleste, vous adorerait après votre sublime élan, à table ! mais à l’innocence seule de consoler le martyr !… Vous êtes une bonne jeune fille, et vous serez une de ces femmes qui sont à la fois la gloire et le bonheur d’une famille. Heureux qui vous plaira.

— Chère marraine, de quels yeux monsieur Félix me voit-il donc ?…

— Il t’apprécie, mon petit ange, et je prierai Dieu pour vous…

— Si vous saviez combien je suis heureux