Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 2, 1855.djvu/19

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Et elle resta pensive en écoutant le bruit du sabbat que faisait sa belle-soeur, un vrai cheval à l’ouvrage, et qui, prêtant la main à ses deux servantes, desservait la table, enlevait tout dans la salle à manger, afin de la livrer aux danseurs et aux danseuses, vociférant comme un capitaine de frégate sur un banc de quart, en se préparant à une attaque.

« Avez-vous encore du sirop de groseille ! allez acheter de l’orgeat, » ou « il n’y a pas beaucoup de verres, peu d’eau rougie, et prenez les six bouteilles de vin ordinaire que je viens de monter.

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Prenez garde à ce que Coffinet, le portier, n’en prenne ! Caroline, ma fille, reste au buffet. Vous aurez une langue de jambon, dans le cas où l’on danserait encore à une heure du matin. Pas de gaspillage. Ayez l’œil à tout. Passez-moi le balai… mettez de l’huile dans les lampes… et surtout ne faites pas de malheurs… vous arrangerez les restes du dessert afin de parer le buffet ! Voyez si ma sœur viendra nous aider !… Je ne sais pas à quoi elle pense, cette Landore-là !… Mon Dieu qu’elle est lente… Bah ! ôtez les chaises, ils auront plus de place. »

Le salon était plein des Barniol, des Colleville,