Page:Balzac - Les petits bourgeois, tome 2, 1855.djvu/67

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Cependant le jeune Félix Phellion donnait, avec un dévouement et une constance digne d’éloges, des leçons au jeune Colleville, il prodiguait ses heures ; et il croyait travailler pour sa future famille. Pour reconnaître ces soins, et par le conseil de Théodose, on invitait le professeur à dîner les jeudis chez Colleville, et l’avocat n’y manquait jamais. Flavie faisait tantôt une bourse, tantôt des pantoufles, un porte-cigare à l’heureux jeune homme, qui s’écriait :

Je suis trop payé, madame, par le bonheur que je goûte à vous être utile…

— Nous ne sommes pas riches, monsieur, répondait Colleville, mais, sac-à-papier, nous ne serons pas ingrats.

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Le vieux Phellion se frottait les mains en écoutant son fils au retour de ces soirées, et il voyait son cher, son noble Félix épousant Céleste !…

Néanmoins, plus elle aimait, plus Céleste devenait sérieuse et grave avec Félix, d’autant plus que sa mère l’avait vivement sermonnée un soir, en lui disant : « Ne donnez aucune espérance au jeune Phellion, ma fille. Ni votre père, ni moi, ne serons les maîtres de vous