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pensées, sujets, fragmens

même nom à tous les enfants déposés dans l’établissement, était au bivac en Espagne. — Les deux camps étaient voisins. — Au commencement de la nuit, il se mit à jouer avec un autre italien, il avait 1.200 francs et les perd. On voyait au loin les sentinelles espagnoles. Bianchi au désespoir, car il avait besoin de 2.400 francs ou de périr (ceci est à établir), parie qu’il ira poignarder la sentinelle espagnole et qu’il en rapportera le cœur, et le mangera (détail de bivac… marmite, feux). Il y va comme un sauvage, tue, prend le cœur, le rapporte, le fait frire comme un foie de veau et le mange. Ce capitaine Bianchi appartenait au 6e de ligne en Espagne, il est entré le premier à Barcelone, je crois, et il est mort au siège de Tarragone. Il provenait de la fameuse légion italienne formée par Napoléon à l’île d’Elbe de tous les mauvais sujets de l’Italie, fils de famille indomptables, gens ruinés, etc. Le 6e de ligne fut en partie composé des débris de cette légion, il était d’une bravoure incroyable. Il était commandé par un Corse nommé Eugène, et comme le régiment entier avait la croix, il s’écriait au milieu du feu : « Avanti, avanti, signori brigandi, cavallieri, ladroni, etc.[1] ».

Est-elle riche ? oui. En ce cas, l’union fait la force[2].

M. de Lafayette. Je l’ai embrassée trois fois et j’y retourne[3].

  1. Conversation entre onze heures et minuit, XX, 301-03.
  2. Le Faiseur (1839-40), XVIII, 492. — Mme Mercadet : Va, ma fille, marie-toi richement. — Mercadet : Dans ce cas-là, l’union fait la force !
  3. Dans son Histoire, M. de Spoelberch a réimprimé quelques