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Page:Balzac - Pensées, sujets, fragments, éd. Crépet, 1910.djvu/47

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humaine s’élabore sous nos yeux. Peut-être est-elle née seulement de cette pensée, que nous rencontrons dès notre page 1 :

L’histoire de l’homme est l’histoire de l’humanité, comme l’histoire d’une société est l’histoire de toutes.

Peu à peu les classifications de l’œuvre gigantesque se précisent, ses cadres se remplissent, ses protagonistes se groupent. Tous ses personnages, qui doivent, un jour, « faire concurrence à l’état civil », prennent vie et s’agitent. Balzac les passe en revue, comme le Petit Caporal sa Grande Armée ; il cause avec eux, il leur donne la croix, il leur tapote la joue. Dressant une liste de ses héroïnes, il constate fièrement :

Nous nous sommes amusés à compter les différents sourires, à les étudier, les varier, et rien ne manque dans cet essaim de grâces et cet arsenal de perfidies.

En face des noms de Bonne d’Armagnac et de Marie de Maillé, il déclare :

On peut leur confier son secret ou sa bourse.

Et il se récrie, à propos d’Adélaïde de Rouville :

Dans quel temps vivons-nous pour qu’une fille aussi, et aussi… soit sur le pavé ?

Il semble qu’on l’entende faire la légendaire réponse à Sandeau, que l’état d’une sœur malade préoccupait :

— Tout cela est bien, mais revenons à la réalité : parlons d’Eugénie Grandet !

Ses amis lui font cortège, ses amis de chair et d’os. Mme Delannoy, sa « seconde mère », le « bon petit père » Da-