Grand-Poulot. — Et pour la Pologne ?
Le Père Trouvaille. — Ah ! ici, vous changez vite de position, parce qu’on ne peut pas toujours garder la même, et vous vous contentez de secouer philanthropiquement la tête, geste qui, pouvant signifier beaucoup, mais ne signifiant, rien, a l’immense avantage de ne pas vous compromettre.
Grand-Poulot. — Et pour le Portugal ?
Le Père Trouvaille. — Oh ! pour le Portugal, libre cours à une indignation spontanée. Un coup de poing sous la tribune serait là du plus brillant effet.
Grand-Poulot. — Et pour l’Angleterre, la Russie ?
Le Père Trouvaille. — Nous en sommes arrivés, jeune et intéressant débutant, au point de la circonlocution gesticulaire, à cette périphrase ingénieuse qui fait éluder la question tout en la traitant. En pareille circonstance donc, quand, la tirade commencée, chacun étudie curieusement vos moindres mouvements, afin de lire dans leur expression l’aveu de ce que vous ne direz pas…, eh bien, alors, vous relevez négligemment le col de votre chemise, ou vous buvez un verre d’eau sucrée…
Grand-Poulot. — Oh ! ceci est pyramidalement adroit. Je vais être à présent d’une force herculéenne, si toutefois on ne change rien au programme. Ah çà, n’allez pas me faire faire quelque bêtise, monsieur Trouvaille ; autrement, je le dirais à papa.
Le Père Trouvaille. — Soyez donc sans inquiétude. Nous savons nos rôles. La décoration, mon interpellation, votre improvisation, il y a là dedans une trilogie suffisante pour considérablement amuser le public.
C’est lundi 22 que Lolo Phiphi a fait son entrée dans le monde judiciaire. Il s’est présenté avec armes et bagages devant MM. les jurés, soutenu par Me Étienne Blanc, cet ami, défenseur de la Caricature, qui ne l’a point oubliée dans le jour du danger.