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Page:Balzac Le Père Goriot 1910.djvu/173

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qu’il coûte un million par an ou cent louis, la perception intrinsèque en est la même au-dedans de nous. Je conclus à la vie du Chinois.

— Merci, tu m’as fait du bien, Bianchon ! nous serons toujours amis.

— Dis donc, reprit l’étudiant en médecine, en sortant du cours de Cuvier au Jardin des Plantes, je viens d’apercevoir la Michonneau et le Poiret causant sur un banc avec un monsieur que j’ai vu dans les troubles de l’année dernière aux environs de la Chambre des députés, et qui m’a fait l’effet d’être un homme de la police déguisé en honnête bourgeois vivant de ses rentes. Étudions ce couple-là : je te dirai pourquoi. Adieu, je vais répondre à mon appel de quatre heures.

Quand Eugène revint à la pension, il trouva le père Goriot qui l’attendait.

— Tenez, dit le bonhomme, voilà une lettre d’elle. Hein, la jolie écriture !

Eugène décacheta la lettre et lut.

« Monsieur, mon père m’a dit que vous aimiez la musique italienne. Je serais heureuse si vous vouliez me faire le plaisir d’accepter une place dans ma loge. Nous aurons samedi la Fodor et Pellegrini ; je suis sûre alors que vous ne me refuserez pas. M. de Nucingen se joint à moi pour vous prier de venir dîner avec nous sans cérémonie. Si vous acceptez, vous le rendrez bien content de n’avoir pas à s’acquitter de sa corvée conjugale en m’accompagnant. Ne me répondez pas, venez, et agréez mes compliments.

» D. de N. »