sins, dit la vicomtesse. Avez-vous des nouvelles du général Montriveau ? fit-elle. Sérisy m’a dit hier qu’on ne le voyait plus, l’avez-vous eu chez vous aujourd’hui ?
La duchesse, qui passait pour être abandonnée par monsieur de Montriveau, de qui elle était éperdument éprise, sentit au cœur la pointe de cette question, et rougit en répondant :
— Il était hier à l’Élysée.
— De service ? dit madame de Beauséant.
— Clara, vous savez sans doute, reprit la duchesse en jetant des flots de malignité par ses regards, que demain les bans de monsieur d’Ajuda-Pinto et de mademoiselle de Rochefide se publient ?
Ce coup était trop violent, la vicomtesse pâlit et répondit en riant :
— Un de ces bruits dont s’amusent les sots. Pourquoi monsieur d’Ajuda porterait-il chez les Rochefide un des plus beaux noms du Portugal ? Les Rochefide sont des gens anoblis d’hier.
— Mais Berthe réunira, dit-on, deux cent mille livres de rente.
— Monsieur d’Ajuda est trop riche pour faire de ces calculs.
— Mais, ma chère, mademoiselle de Rochefide est charmante.
— Ah !
— Enfin il y dîne aujourd’hui, les conditions sont arrêtées. Vous m’étonnez étrangement d’être si peu instruite.
— Quelle sottise avez-vous donc faite, monsieur ? dit madame de Beauséant. — Ce pauvre enfant est si nou-