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le sang de la coupe

La Poésie

Oui, tous les arts humains, toutes les poésies
Qui savent nous charmer
En mêlant la sagesse aux vives fantaisies,
Le peuvent réclamer.

Il sut épanouir les brillantes peintures,
Filles d’un ciel serein,
Et couler d’un seul jet d’immortelles figures
Dans un moule d’airain.

Sous les grands plafonds d’or il nous montre les rages
Des amours mensongers,
Et nous fait voir après dans de frais paysages
L’idylle des bergers.

Mes sœurs, puisqu’en son œuvre où la pensée ondoie
Comme les vastes flots,
Renaissent tour à tour l’ivresse de la joie
Et celle des sanglots,

Ne nous disputons pas sur le masque et la lyre,
Et que toutes nos fleurs
Parent son monument : il eut le don du rire
Avec le don des pleurs !

Mais, reines du théâtre, ô troupe familière,
Laissons parler celui
En qui, fils adoré des veilles de Molière,
Tout son génie a lui,