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le sang de la coupe

Éris.

Des sommets que baigne le jour
Délaissant la splendeur austère,
L’Olympe descend sur la terre ;
Astrée heureuse est de retour.
Moi seule, sans que nul me voie,
J’écoute leurs longs cris de joie,
Et de rage mon front flamboie
Comme les leurs brillent d’amour.
Ô mon âme, foyer de haine !
Entr’ouvre-toi sans clameur vaine,
Et contre les cœurs purs déchaîne
Quelque insatiable vautour !

Le Chœur.

Tous sont venus unis pour une même fête,
Depuis Hèra d’Argos, qui règne sur le faîte,
Jusqu’à la blanche Dioné.
Pallas contre la pourpre échange la cuirasse,
Et l’invincible Arès, le dur guerrier de Thrace,
Adoucit son front sillonné.

C’est qu’embrassant l’épouse à sa couche appelée,
Vaincu par le Désir, l’indomptable Pélée,
Le petit-fils du dieu des airs
Voit triompher Cypris de son dédain farouche,
Et dormira ce soir dans une même couche
Avec Thétis aux cheveux verts.