Page:Banville - Œuvres, Le Sang de la coupe, 1890.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
149
le sang de la coupe

Ce discours éveilla l’orgueil de la Thébaine.
En flattant de la main ses longs cheveux d’ébène,
Le roi Zeus se lia par un fatal serment.
Et quand, rouge d’éclairs, il vint, céleste amant,
Dans son triomphe heureux que l’univers acclame,
La mortelle, livrée à ses destins écrits,
Sentit son fol espoir expirer dans la flamme
Et sa vie à l’Orcos fuir avec de grands cris.

Cypris.

Au-dessus des mers et des syrtes,
De Cypre bien aimée, où fleurissent les myrtes,
Venez, fendez la nue et l’air étincelant,
Colombelles de neige au plumage tremblant !

Et vous aussi, venez, mes fils aux blondes ailes,
Que le cœur cherche en se troublant !
Pour le berger qui vaut tous les amants rebelles
Rendez-moi belle entre les belles !

Chœur des Hommes.

Phaëton, outragé par le dédain moqueur
D’Épaphos, et blessé par lui dans son cher cœur,
Alla, par les conseils de Clymène sa mère,
Jusques aux palais d’or de Phœbos-Apollon.
Le dieu lui confia, malgré sa crainte amère,
Son char et ses chevaux au souffle d’aquilon.
Et, dès qu’à l’Orient s’enfuirent les étoiles,
Que dans les vastes cieux, de sa beauté surpris,