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le sang de la coupe

Cependant que les flots, que votre voix étonne,
Disent aux durs rochers leur ennui monotone,
Fuyez au bois ! fuyez sous les ruisseaux d’argent !
Moi, sur le bord du fleuve, en berger diligent,
J’assemble les troupeaux de brebis et de chèvres,
Charmés par les doux chants qui coulent de vos lèvres,
Parmi l’herbe des prés où je les ai conduits,
Car les Dieux n’aiment pas que nos regards, séduits
Par les rayons brûlants dont leur couronne est ceinte,
Affrontent leurs regards et leur majesté sainte !

Hermès.

Pasteur aimé de Pan, ô Pâris, fils de roi !
Laisse là tes brebis et calme ton effroi.
De l’Olympe neigeux trois déesses sublimes
Ont pour ton jugement quitté les hautes cimes.
Pèse en tes mains les flots de leurs cheveux tremblants ;
Regarde leurs bras ; vois quels pieds sont les plus blancs,
Et quel sein virginal montre, par sa courbure,
Sous le riche péplos la forme la plus pure.
Compare la blancheur des dents et la façon
Dont les sourcils égaux, plantés à l’unisson,
S’arrondissent en arc, puis offre à la plus belle
Ce fruit d’or, qu’elle estime un prix bien doux pour elle.

Hèra.

Fils de Priam, approche et viens à mon côté.
Si tu m’offres le prix qu’on garde à la beauté,