Page:Banville - Œuvres, Le Sang de la coupe, 1890.djvu/215

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
205
ballades joyeuses

V

Ballade
pour une amoureuse

Muse au beau front, muse sereine,
Plus de satire, j’y consens.
N’offensons pas avec ma haine
Le calme éther d’où tu descends.
Je chante en ces vers caressants
Une lèvre de pourpre, éclose
Sous l’éclair des cieux rougissants,
Ici tout est couleur de rose.

Ma guerrière a le front d’Hélène.
Son long regard aux feux puissants
Resplendit comme une phalène.
Tout est digne de mes accents :
Là, sur ces contours frémissants
Où le rayon charmé se pose,
La neige et les lys fleurissants ;
Ici tout est couleur de rose.