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ballades joyeuses

VI

Ballade
de sa fidélité à la Poésie

Chacun s’écrie avec un air de gloire :
À moi le sac, à moi le million !
Je veux jouir, je veux manger et boire.
Donnez-moi vite, et sans rébellion,
Ma part d’argent ; on me nomme Lion.
Les Dieux sont morts, et morte l’allégresse,
L’art défleurit, la muse en sa détresse
Fuit, les seins nus, sous un vent meurtrier,
Et cependant tu demandes, maîtresse,
Pourquoi je vis ? Pour l’amour du laurier.

Ô Piéride, ô fille de Mémoire,
Trouvons des vers dignes de Pollion !
Non, mon ami, vends ta prose à la foire.
Il s’agit bien de chanter Ilion !
Cours de ce pas chez le tabellion.