Page:Banville - Œuvres, Le Sang de la coupe, 1890.djvu/259

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
249
ballades joyeuses

XXVI

Ballade sur lui-même

Assembleur de rimes, Banville,
C’est bien que les chardonnerets
Chantent dans les bois de Chaville ;
Mais veux-tu chez les Turcarets
Emplir ton coffre et tes coffrets ?
Plante là ton rêve féerique !
C’est bien dit, mais je ne saurais,
Je suis un poëte lyrique.

Je puis encor charmer la ville
Avec la flûte de Segrais ;
Mais exercer un art servile,
Comment l’oserions-nous, pauvrets !
Si je le pouvais, j’aimerais
La toile-cuir et l’Amérique,
Mais de quoi servent les regrets ?
Je suis un poëte lyrique.