Page:Banville - Œuvres, Le Sang de la coupe, 1890.djvu/292

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
282
le baiser

Urgèle.

Oui, le blanc sied bien. Mais, Pierrot, pour m’empêcher
De mourir, si tu veux être bon, — mais je n’ose
Te le dire, — il faudrait encore quelque chose.
Me le donneras-tu ?

Pierrot.

Me le donneras-tu ? Sans doute, si je l’ai.

Urgèle.

Tu l’as.

Pierrot.

Tu l’as. Vous aurez donc raison d’avoir parlé.

Urgèle.

Tu me le donneras, cher Pierrot. Tu le jures ?

Pierrot.

Ah ! Puissé-je subir les suprêmes injures
Si, n’ayant qu’à vouloir, je ne vous donne pas,
Madame, ce qui peut vous sauver du trépas
Et vous rendre la vie et vous mettre en liesse !
Quand même, je vais loin, — ce serait une pièce
D’or, où l’on voit des rois avec leurs fronts laurés,
Certes, je n’en ai pas, cependant, vous l’aurez !

Urgèle.

Tu le jures ?