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Page:Banville - Œuvres, Le Sang de la coupe, 1890.djvu/302

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le baiser

En tes flancs renaîtra mon immortelle race,
Et nous élèverons, sans cage et sans barreaux, —

Urgèle, baissant les yeux.

Un tas de moineaux-francs et de petits Pierrots.

Pierrot.

Comme les voluptés, il faut les avoir toutes, —

Urgèle.

Nous irons quelquefois courir le long des routes.

Pierrot.

Nous voyagerons, mais pas plus loin que Senlis.

Urgèle.

Et nous serons très blancs, près des touffes de lys.

Pierrot.

Mais, tandis qu’enivrés de brise et de murmures,
Nous cueillerons ainsi la framboise et les mûres,
Pour en faire, embrassés, de merveilleux repas,
Si tes sœurs t’appelaient ?

Urgèle.

Si tes sœurs t’appelaient ? Je ne répondrais pas,
Et je fuirais pour toi leur amitié jalouse.

Pierrot, voulant prendre Urgèle dans ses bras.

Marions-nous !