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le sang de la coupe

Artémis partant pour la chasse

Artémis, ô Déesse au croissant argenté,
Les Nymphes que ravit ton sourire enchanté,
Livrent leurs fronts au vent querelleur, et, sans voiles,
Accourent sur tes pas comme un troupeau d’étoiles.
Et déjà, frémissant autour de ces beaux corps,
Dans les noires forêts, pleines du bruit des cors,
Les molosses de Thrace, ivres de cent caresses,
Lèchent en se pâmant les bras des chasseresses.
Ô Déesse, tu pars ! Tes grands cheveux dorés
Font resplendir de feux l’horreur des bois sacrés,
Et pour chasser pieds nus parmi les herbes sèches,
Voici l’enfant Éros qui t’apporte ses flèches.
Tu pars, superbe et fière, en tête d’un essaim,
Et, tout prêt à fleurir, le bouton de ton sein
Virginal, que ton sang ambroisien colore,
Rougit comme une rose aux fraîcheurs de l’aurore.


Octobre 1849.