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le sang de la coupe

Avant que le raisin des Bacchantes mûrisse,
Pour refléter les feux et les lys de l’été,
Vous aurez ces bijoux en acier que Meurice
Fit clairs comme les flots du doux Guadalété !

Vous aurez ces peignoirs plus pâles que le marbre,
Ces bas tout découpés pour les yeux de l’Amour,
Et ces mouchoirs chinois faits d’une écorce d’arbre,
Et ces cols merveilleux bâtis de points à jour !

Et, près de ces bouquets si frêles du barège
Dont la grâce a tordu les faciles volants,
Voici les pompadours plus légers que la neige,
Fonds roses, fonds lilas, fond céleste et fonds blancs !

Voici les beaux jardins prédits par les sibylles,
Feuillaisons d’émeraude et bleuets de saphir,
Les rubis, les bouquets de lys à fleurs mobiles
Dont les gros diamants tressaillent au zéphyr.

Enfin, pour resplendir à vos tables insignes,
Nous avons les flambeaux gais comme des bijoux,
Et le linge pareil à la toison des cygnes,
Et les Eldorados entassés en surtouts !

Et le vermeil qui grimpe en mille architectures,
Soleils d’orfévrerie et fils d’argent tramés,
Et tous ces paradis terrestres des sculptures
Arrachés par Klagmann aux métaux enflammés.