Ils vous la montreront, ces vers dont s’émerveille
La chanson des hautbois,
Ruisselante de feux comme une aube vermeille,
Rose et neige à la fois ;
Et telle qu’à présent, jeune fille hautaine
Au sein délicieux,
Elle ravit d’amour l’azur de la fontaine
Et l’escarboucle aux cieux.
On dirait à la voir que, de sa main profonde,
Dieu, sur son trône assis,
A pétri de nouveau, pour en refaire un monde,
Une Ève aux noirs sourcils !
Car elle est fière, et seule, Ange mystérieuse,
Sourit et marche encor
Avec la majesté d’une victorieuse
À la cuirasse d’or,
Et, comme cette Muse à qui le temps pardonne
Sans tache et sans affront,
Elle pourrait aussi porter une couronne
D’étoiles à son front,
À ce front souriant, poli comme l’ivoire
Des lys inviolés,
Que de leurs lourds anneaux encadrent avec gloire
Ses bandeaux ondulés !
Page:Banville - Œuvres, Le Sang de la coupe, 1890.djvu/94
Apparence
Cette page a été validée par deux contributeurs.
84
le sang de la coupe