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LES EXILÉS

L’étang, où tout un monde effroyable pullule,
Ne voit plus sur ses joncs frémir de libellule ;
Le chaume est tout couvert d’iris ; les églantiers
Pendent, et de leurs bras couvrent des murs entiers ;
L’ombre triste, le houx luisant, les eaux dormantes
Ont pris les oasis où riaient mes amantes ;
La noire frondaison me dérobe les cieux
Qu’elles aimaient, et dans ces lieux délicieux,
Naguère tout remplis d’enchantements par elles,
Meurt le gémissement affreux des tourterelles.


Nice, mai 1860.