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enlaidir celui-là, et c’est même en vain que vous avez essayé de dénuder son vaste front de poète, sur lequel il y avait une telle chevelure crespelée et farouche que, malgré tout ce que vous en avez arraché, elle est encore inextricable et profonde comme une forêt. C’est en vain que vous avez plongé dans les joues de Litolff vos doigts furieux comme ceux d’un statuaire romantique ; c’est en vain que vous avez creusé cruellement de vos ongles ses yeux victorieux, que vous en avez cerclé le dessous et que vous avez voulu rapprocher l’un de l’autre son nez et son menton ; en dépit de vous il est beau ! Et beau d’une beauté qui n’a rien de trop résigné, car dans ces traits convulsés et calmes habite, cachée en des replis imperceptibles, la rafraîchissante et vengeresse Ironie. Et comment n’y serait-elle pas ? car lorsqu’enfin on eût ouvert à Litolff un petit théâtre, et qu’il y eût fait entrer (comme le cheval de bois dans Ilios) la divine Lyre soigneusement cachée dans l’étui d’un chapeau chinois, il se souvint alors que