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d’une si délicate finesse aristocratique, imposent l’admiration, sans doute, mais une admiration charmée, naïve ; car ils ont, comme les allures du corps lui-même, cette mobilité enfantine, heureuse, jamais lassée, qui n’exclut pas le sérieux et qui est comme la floraison de la bonté ineffable. Madame la duchesse de Morny n’est pas grande et paraît l’être, tant le bel ensemble de sa personne, où toutes les lignes sont arrondies, donne cependant une expression de mignonne et fière sveltesse. La bouche, aimable et bienveillante et d’une distinction suprême, est assez parfaite pour que l’œil de l’artiste soit heureux de ne pas la voir trop petite ; l’œil étincelle et brille sans dureté ; sur le front, où réside une intelligence souveraine, les cheveux châtains s’éclairent d’une lumière blonde, et d’eux-mêmes s’arrangent en diadème. Et, modèle désespérant et idéal, dont la façon d’être change sans cesse et se transforme, et qui ne quitte une pose que pour en prendre une plus belle, cette admirable femme, qui eût été reine