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étaient présentes autour du berceau de Henry Houssaye, et elles se sont plu à lui donner la beauté, l’esprit et le reste. Il a déjà le front du penseur, et ses yeux, où l’arcade sourcillière est avancée et hardie plus que dans aucune tête contemporaine, donnent quelque chose de mâle et de viril à ses traits de jeune pâtre syracusain que réclamerait l’Églogue ; ses lèvres sont charnues, presque toujours entr’ouvertes, et d’un rouge vif. Un nez fin et droit, un peu serré au bout, atteste la résolution et la bravoure ; la barbe, vierge, soyeuse et crespelée, est fournie, tandis que la moustache naît à peine. Grand, élancé et savant à l’escrime, Henry Houssaye a quelque chose d’un fils de Byron, — et c’est par là seulement qu’il se sauve de ressembler à Daphnis ; quant à la toison blonde qui fait que sa tête ressemble par l’arrangement à celle de Lucius Verus, le mot chevelure ne la désigne que bien imparfaitement. Énorme, touffue, ébouriffée, emmêlée comme les cheveux de l’archer dont le nom signifie à la fois Épouvante