Page:Banville - Dans la fournaise, 1892.djvu/100

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Oui, celui-là sur qui tout mon espoir se fonde,
C’est le penseur sublime et le grand ouvrier,
C’est le Contemplateur à la tête féconde,
Qui sera, comme un roi, couronné de laurier.

Tu baiseras son front de ta bouche ravie,
Et tu le serviras avec fidélité.
Mais lorsque ce génie aura quitté la vie
Pour grandir, triomphant, dans l’immortalité,

Reste après lui, pensive, auguste et familière,
Et comme aux premiers jours de ton matin vermeil,
Ô fille de Bakkhos, amante de Molière,
Nymphe, bois notre vin de pourpre et de soleil.

Garde pieusement la joie et le délire
Que ce poëte a mis dans ton œil radieux,
Et souviens-toi toujours, déesse, que le rire
Est le plus beau présent qui nous vienne des Dieux !


Mardi, 26 janvier 1886.