Page:Banville - Dans la fournaise, 1892.djvu/173

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Mais tu vis à présent dans la sereine gloire,
Calme, heureux, contemplé par le ciel souriant,
Ainsi qu’Homère assis sur un trône d’ivoire,
Rayonnant et les yeux tournés vers l’Orient.

Et tu vois à tes pieds la fille de Pindare,
L’Ode qui vole et plane au fond des firmaments,
L’Épopée et l’éclair de son glaive barbare,
Et la Satire, aux yeux pleins de fiers châtiments ;

Et le Drame, charmeur de la foule pensive,
Qui du peuple agitant et contenant les flots,
Sur tous les parias répand, comme une eau vive,
Sa plainte gémissante et ses amers sanglots.

Mais, ô consolateur de tous les misérables !
Tu détournes les yeux du crime châtié,
Pour ne plus voir que l’Ange aux larmes adorables
Qu’au ciel et sur la terre on nomme : la Pitié !