Page:Banville - Dans la fournaise, 1892.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA FILLE DE JAÏRE


tableau d’alfred dehodencq


Lorsque Jésus entra, la fille de Jaïre
Ouvrait sa lèvre encor, ne sachant plus sourire ;
Son visage était pâle et ses yeux étaient clos,
Et dehors éclataient des cris et des sanglots.
Se tournant vers le doux Jésus dont le front brille,
Le père dit : Seigneur, c’est ma petite fille
Dont la tête repose entre ses bruns cheveux ;
Regarde-la, tu peux me rendre si tu veux
Sa rouge lèvre en fleur et ses yeux de gazelle.
Qu’est-ce que je ferais sur la terre sans elle ?
Rien qu’à la voir avec ses prunelles de feu
Je triomphais, j’avais en moi tout le ciel bleu ;